Le Real Madrid ne pouvait pas rêver meilleure nouvelle. Après des mois de polémiques, de plaintes officielles et d’accusations publiques visant le corps arbitral espagnol, la RFEF (Fédération espagnole de football) a annoncé jeudi qu’elle se séparerait du président de la commission technique des arbitres, Luis Medina Cantalejo, ainsi que du responsable du VAR, Carlos Clos Gómez. Cette décision historique, directement déclenchée par la pression constante exercée par le club madrilène, est vécue comme une victoire retentissante dans la capitale espagnole.

Derrière ce grand ménage, la RFEF a tenté de donner une explication apaisante, évoquant « un nouveau cycle » et la volonté de bâtir un système plus moderne, plus transparent et mieux adapté aux exigences du football actuel. Dans son communiqué officiel, l’instance précise avoir consulté à la fois les clubs professionnels, les représentants des arbitres et ses propres dirigeants pour valider ce virage radical.
Mais personne n’est dupe. Depuis la fameuse défaite 0-1 contre l’Espanyol en février dernier, Real Madrid avait officiellement déposé un recours en dénonçant des « erreurs manifestes » et des soupçons de manipulation du championnat. Florentino Pérez, d’après des sources proches du club, aurait même menacé de porter l’affaire devant le tribunal arbitral du sport s’il ne constatait pas de changements rapides au sein du CTA. Une manœuvre qualifiée de « coup de pression » qui a visiblement porté ses fruits.

Certains proches du dossier affirment que la goutte d’eau a été l’action litigieuse de Carlos Romero sur Kylian Mbappé, non sanctionnée par le VAR malgré des images accablantes. Real Madrid TV, chaîne interne du club, s’était empressée de relayer la polémique, amplifiant la colère des socios et alimentant un climat de suspicion généralisée envers la VAR espagnole.
Medina Cantalejo, en poste depuis 2021, s’était pourtant battu pour défendre son modèle d’arbitrage, y compris lors de l’affaire Negreira qui éclaboussait le FC Barcelone. Il avait même mis en place plusieurs mesures internes censées améliorer la transparence des décisions. Cependant, le scepticisme restait trop fort, et la pression politique, notamment venue du gouvernement à travers le CSD, aurait fini de sceller son sort.
Ce double limogeage est donc un séisme pour le football espagnol. Jamais auparavant la RFEF n’avait dû remplacer simultanément les deux figures majeures de l’arbitrage en cours de saison. Pour le Real Madrid, c’est une immense opportunité de tourner la page d’un arbitrage jugé trop souvent défavorable.
Selon la presse madrilène, le président Florentino Pérez se préparerait déjà à proposer la mise en place d’une supervision VAR indépendante, sans lien hiérarchique direct avec la RFEF, une idée qui serait reprise par plusieurs clubs de Liga. Une réforme d’une telle ampleur pourrait redéfinir complètement le paysage arbitral en Espagne, et ouvrir la voie à de nouvelles polémiques.
Du côté de Barcelone, on s’inquiète évidemment des répercussions d’une telle révolution. Certains y voient la main mise progressive de Madrid sur l’arbitrage, d’autres redoutent un effet domino qui pourrait déstabiliser toute la Liga. En coulisses, des rumeurs laissent entendre que d’autres têtes pourraient tomber dans les semaines à venir, notamment au sein de la commission d’éthique de la RFEF, soupçonnée d’avoir fermé les yeux sur plusieurs conflits d’intérêts.
En attendant, le Real savoure son moment. Pour les supporters merengues, ce départ forcé de Medina Cantalejo et Clos Gómez apparaît comme la juste récompense de mois de combat acharné contre des décisions jugées iniques. « C’est un premier pas vers la justice sportive », a même commenté un proche de la direction madrilène.
Reste à savoir si la RFEF saura reconstruire une autorité arbitrale crédible, et surtout si Florentino Pérez ira jusqu’au bout de sa volonté de réformer en profondeur la gouvernance arbitrale. Une chose est sûre : l’Europe entière observe ce bras de fer avec attention, tant ses conséquences pourraient dépasser largement les frontières espagnoles