Quand on pense au Real Madrid des dernières années, une image revient toujours : celle de Thibaut Courtois volant dans tous les sens, multipliant les parades héroïques pour sauver une défense constamment exposée. De Liverpool à Manchester City, en passant par le Chelsea de son passé, les affiches de Ligue des Champions ont presque toujours eu le même scénario : le Belge comme muraille infranchissable, souvent le dernier espoir. Mais depuis l’arrivée de Xabi Alonso, une petite révolution s’est opérée. Et les chiffres en ce début de saison 25/26 parlent d’eux-mêmes.
📊 En trois matches de Liga : seulement 5 arrêts (le deuxième total le plus bas du championnat), un seul but encaissé, deux clean sheets et surtout un taux de réussite de 83 %. Des statistiques qui, à première vue, pourraient sembler anecdotiques, mais qui traduisent une réalité nouvelle : Courtois n’est plus condamné à “sauver Madrid” chaque week-end.
La clé ? Le système d’Alonso. Avec une défense renouvelée – Huijsen, Carreras, et un Trent Alexander-Arnold transformé en chef d’orchestre défensif – le Real a bâti un mur collectif. Ajoutez à cela un pressing haut et coordonné, et vous obtenez une équipe qui étouffe l’adversaire avant même que le danger n’arrive dans la surface.
Mais réduire Courtois à un rôle de spectateur serait une erreur. Car Xabi lui a confié une mission nouvelle : devenir un sweeper-keeper moderne. “Le coach veut que je joue très avancé”, confiait récemment le portier. “Je cours beaucoup, parfois je me retrouve presque au milieu de terrain. C’est un style totalement nouveau, je dois rester concentré tout le match.”
Une phrase qui en dit long. Courtois, longtemps considéré comme un gardien “classique” – dominateur sur sa ligne, impérial dans les airs, mais peu utilisé au pied – est en train de vivre une seconde carrière. On le voit désormais couper les trajectoires, intervenir loin de ses cages, et parfois initier les attaques madrilènes d’une passe tranchante. Un rôle qui rappelle… Manuel Neuer, l’icône du poste, qu’Alonso a côtoyé lors de son passage au Bayern.
Les supporters, eux, oscillent entre fascination et inquiétude. “Voir Courtois si loin de sa cage, ça fait bizarre”, souffle un socio du Bernabéu. Mais d’autres saluent cette métamorphose qui offre à Madrid une sécurité collective inédite. Fini les soirées où Courtois terminait exténué après avoir repoussé 10 tirs cadrés. Désormais, il fait partie d’une machine huilée, où chacun connaît son rôle.
Le plus intéressant ? Cette évolution pourrait prolonger la carrière du géant belge. Moins sollicité, moins usé, il conserve son énergie pour les grands rendez-vous. Et si l’histoire se répète, ce sont encore les nuits de Champions League qui diront si Xabi Alonso a eu raison de transformer son gardien en pion moderne.
Mais une chose est sûre : le Real Madrid version Alonso n’est plus l’équipe dépendante d’un seul homme. Courtois, lui, n’est plus seulement le héros isolé : il est devenu l’un des symboles d’une ère nouvelle, où la sécurité ne repose plus sur un miracle individuel, mais sur une philosophie collective.
Et paradoxalement, c’est peut-être dans ce rôle “plus tranquille” que Courtois écrira les pages les plus durables de sa légende.