Les trois premiers tours d’une nouvelle saison sont toujours particuliers. C’est comme un miroir : pas toute la vérité, mais suffisamment pour voir la forme, assez pour discerner les promesses et les risques potentiels. Si on me demandait d’évaluer les nouvelles recrues du Real Madrid cette saison, je parlerais franchement, car j’ai toujours regardé le football tout au long de ma carrière.
Dean Huijsen, le jeune défenseur central, a été le visage qui a immédiatement attiré mon attention. Il n’a qu’une vingtaine d’années, mais sa façon de tenir le ballon, de lever la tête et de chercher une passe longue m’est très familière. Lors des trois premiers matchs, Huijsen a percé la défense adverse par de longues passes, créant ainsi une dynamique pour des attaques rapides. Pour quelqu’un comme moi, habitué à contrôler le rythme depuis le milieu de terrain, avoir un défenseur central prêt à partager la responsabilité des attaques est un atout majeur. Bien sûr, la jeunesse apporte l’impétuosité. Huijsen a commis des fautes inutiles et a même reçu un carton dans une position dangereuse. Mais cela fait partie du processus de croissance. Plus important encore, le Real Madrid possède un défenseur central qui sait non seulement dégager le ballon, mais qui raisonne aussi comme un chef d’orchestre depuis l’arrière.
Si Huijsen me rappelle Ramos, Trent Alexander-Arnold apporte un nouveau son au Bernabéu. Trois matchs, trois performances énergiques. Trent a apporté au Real Madrid l’héritage de la Premier League : un football rapide, direct et puissant. Ses centres depuis l’aile droite sont non seulement précis, mais ils obligent aussi les adversaires à reculer et à défendre, créant ainsi plus d’espaces au milieu. Pour moi, c’est un impact tactique très important. J’ai l’habitude de jouer depuis l’axe, et lorsqu’un coéquipier sur le côté droit peut représenter une menace constante comme Trent, l’équilibre offensif de l’équipe est plus parfait. Des quatre, Trent est peut-être celui qui s’adapte le plus rapidement. À le regarder jouer, on a l’impression que le Real Madrid a retrouvé un lien perdu depuis longtemps.
En revanche, Álvaro Carreras est un cas complètement différent. Après son retour de Benfica, Carreras n’a pas suscité de tempête médiatique et n’a pas connu de situations qui ont fait bondir le public. Mais en observant attentivement, on constate sa stabilité. Trois matchs, pas de grosses erreurs, pas de chaos, toujours en position et en couverture. Au Real Madrid, on parle souvent de stars, mais une équipe qui veut aller loin a toujours besoin de joueurs qui savent se sacrifier et maintenir l’ordre. Carreras est ce genre de joueur. Pour moi, il ne sera peut-être jamais le centre de l’attention, mais il est une base solide pour que ses coéquipiers progressent avec confiance. C’est une valeur discrète que peu de gens perçoivent.
Et enfin, Franco Mastantuono, la jeune perle argentine. Il possède l’enthousiasme, l’audace et la brillance technique que possèdent souvent les Sud-Américains. En seulement trois matchs, Mastantuono a laissé le public bouche bée à plusieurs reprises avec ses dribbles imprudents. Mais cela s’accompagne de moments d’impatience et de décisions finales qui manquent encore de maturité. J’ai vu de nombreux jeunes talents débarquer au Bernabéu avec un bagage prometteur, pour ensuite être rapidement absorbés par la pression. Le Real Madrid n’est pas seulement une équipe, c’est une institution, où le public exige la perfection à chaque touche de balle. Mastantuono a clairement le potentiel pour réussir, mais en même temps, c’est lui qui m’inquiète le plus. S’il n’apprend pas à équilibrer son ego créatif avec la discipline nécessaire, il pourrait décevoir et devenir une recrue décevante.
Trois tours, c’est peu, mais cela a suffi pour constater : le Real Madrid possède un jeune défenseur central créatif (Huijsen), un arrière droit qui apporte de nouvelles armes (Alexander-Arnold), un arrière gauche calme mais stable (Carreras) et un jeune talent à la fois prometteur et stimulant (Mastantuono). Si j’étais encore sur le terrain, je sais que j’apprécierais de travailler avec eux de différentes manières : développer le ballon avec Huijsen, exploiter les espaces créés par Trent, exploiter la stabilité de Carreras et donner plus de sang-froid à Mastantuono.
Pour le Real Madrid, ces quatre recrues sont quatre pièces colorées du puzzle. Mais comme dans tout tableau, certaines pièces se mettront en place rapidement, d’autres nécessiteront plus de temps, et d’autres encore décideront du succès ou de l’échec de la saison. Au vu des trois premières journées, je suis convaincu que l’équipe est sur la bonne voie. Mais je sais aussi mieux que quiconque qu’au Bernabéu, les attentes sont toujours plus élevées que les performances, et le véritable défi ne fait que commencer.