Lorsque le PSG a déboursé près de 90 millions d’euros pour s’offrir Randal Kolo Muani à l’été 2023, la direction parisienne pensait avoir trouvé le chaînon manquant de son attaque. Un attaquant français, explosif, capable d’incarner l’avenir du club et de s’imposer comme une figure emblématique au Parc des Princes. Mais à peine deux ans plus tard, le rêve s’est transformé en cauchemar, et l’histoire prend aujourd’hui les allures d’un drame interne qui pourrait laisser des traces profondes.

Selon les révélations de L’Équipe, l’attaquant est sur le point de rejoindre définitivement la Juventus, où il avait déjà brillé en prêt lors de la seconde moitié de la saison dernière. Ses 10 buts en 21 matchs sous les couleurs bianconeri avaient convaincu dirigeants et supporters italiens, et surtout conforté le joueur dans son désir de rester à Turin. Mais ce transfert, loin d’être une simple opération sportive, cacherait en réalité un bras de fer politique et psychologique au sein du PSG.
Derrière les chiffres et les négociations – on évoque un prêt avec option d’achat fixée à 55 millions d’euros – se dissimule une vérité encore plus sombre : Kolo Muani n’aurait jamais été accepté par une partie du vestiaire parisien. Plusieurs cadres du club auraient mal digéré son arrivée à prix d’or, estimant qu’il bénéficiait d’un traitement de faveur. Et les tensions se seraient aggravées au fil des mois, lorsque l’attaquant a commencé à manifester son mécontentement vis-à-vis de Luis Enrique.
« Je ne me sens pas soutenu, j’ai besoin d’un entraîneur qui croit en moi », aurait confié Kolo Muani, en privé, à certains coéquipiers. Mais ces confidences, loin de rester secrètes, auraient rapidement circulé dans les couloirs du Camp des Loges. Résultat : un joueur isolé, marginalisé, relégué à l’entraînement individuel dès son retour de prêt cet été.
Et c’est là que le rôle des propriétaires qataris devient central. D’après plusieurs sources proches du club, Doha aurait vu dans ce dossier une opportunité idéale pour envoyer un signal fort à tout le vestiaire : aucun joueur, peu importe son prix, n’est au-dessus de l’autorité de l’entraîneur et de la direction. « Ils veulent montrer qu’à Paris, on ne négocie pas avec le pouvoir », souffle un ancien conseiller du club.
Du côté de la Juventus, l’opération est perçue comme une aubaine. Massimiliano Allegri cherche depuis des mois un profil capable d’épauler Dusan Vlahovic, et le mariage entre le Serbe et le Français semble déjà séduire tout le Piémont. Les tifosi, de leur côté, n’ont pas oublié l’impact immédiat de Kolo Muani la saison passée. Son retour est accueilli comme une victoire du mercato, mais aussi comme une preuve que la Juve sait encore attirer de grands talents.
Pour le PSG, en revanche, ce départ symbolise un nouvel échec retentissant sur le marché des transferts. Après les affaires Neymar, Messi ou encore Donnarumma, le club semble une fois de plus incapable de rentabiliser ses investissements colossaux. Les critiques pleuvent dans la presse française : « Encore un gâchis à 90 millions », titrent certains quotidiens sportifs, tandis que d’autres parlent de « fracture entre les ambitions du club et la réalité du terrain ».
Et la question qui brûle désormais toutes les lèvres est simple : le PSG est-il en train de perdre la main sur son projet sportif ? Car si Kolo Muani part avec le sentiment d’avoir été sacrifié, d’autres joueurs pourraient bientôt suivre son exemple. Les tensions autour de Vitinha, les rumeurs persistantes concernant Achraf Hakimi, ou encore l’incertitude sur l’avenir de Gonçalo Ramos alimentent déjà le climat électrique au sein du vestiaire.
En coulisses, certains dirigeants redoutent que l’affaire Kolo Muani ne devienne un précédent dangereux. Car ce n’est pas seulement un joueur qui s’en va : c’est un message envoyé à toute l’Europe, celui d’un PSG qui dépense sans compter mais peine à bâtir une véritable stabilité sportive. Et dans un football moderne où l’image compte autant que les titres, la perte de crédibilité pourrait coûter plus cher encore que les millions envolés.
Le feuilleton n’est pas encore terminé, mais une chose est sûre : le départ imminent de Kolo Muani vers la Juventus n’est pas un simple transfert. C’est un symbole d’une guerre interne, d’un club déchiré entre ses ambitions démesurées et une réalité crue, celle d’un vestiaire fracturé et d’un projet en quête de repères.